Pastel Sec, sur papier d’art
21 x 29,7 cm | 8,27 x 11,67 inch
Œuvre Unique, Novembre 2020
Née le 6 mai 1996 – Vit et travaille à Nantes, France
« Je dors, je somnole, je sommeille, je suis à moitié endormi, je suis a mi-chemin, je pense que je suis dans le sommeil, je me laisse bercer par le sommeil, je me laisse berner par l’endormissement, je sais ou je suis, je suis dans mon lit, je suis dans le michemin, je suis entrain de m’endormir, je rêve un peu, je ne pense plus, la pensée est toute souple, les résistances se désagrègent, la veille tombe, j’ai déjà glissé dans un bercement, je flotte déjà, les défenses ralentissent, les muscles laissent les muscles, la pensée tombe, il n’y a plus de défenses, la pensée fait ce qu’elle veut, je sais pas ce qu’elle veut, je me dirige vers l’assouplissement, je suis souple, je n’ai plus peur, j’arrête d’avoir peur, je me berce, je vais me retourner, je vais me retrouver dans les pensées, je vais revenir aux origines de la vie, je ne sais pas ou je vais me retrouver, je vais laisser glisser, je vais passer la ou je pourrai penser sans regarder, sans regarder ce que je pense, sans vérifier ce que je regarde, je vais regarder pour le plaisir de regarder sans savoir ce que je regarde, je vais faire le regard qui regarde, je vais faire tourner et retourner le regard, je serai le regard qui tourne, je ferme les yeux, je m’endors, je serai le regarde, je n’aurai plus de regard, je ne serai plus que du regarde, je vais me retourner a mi-chemin. » Christophe, Tarkos, Caisse, Paris, P.O.L, 2007, p. 34.
La nuit nous nous sommes retrouvées, le jour nous nous sommes rencontrées. Cette nuit nous nous sommes retrouvées. Regarde comme il articule lorsqu’il parle de nous, de nos états de conscience modifiés lorsque nous nous en allons rêver. Voyons comme la nuit fait danser ses silhouettes intouchables, voyons comment se chevauchent les formes. Formes volatiles, jamais figées, formes épousées, les voilà assoupies, les voilà qui soudainement aspirent à s’échapper de nos mains. Nous nous lançons dans une valse interminable, qui se répète sans cesse. On ne connait surement pas la phrase, mais qu’importe le rythme nous emporte. Laissons-nous porter, laissons-nous imaginer, laissons- nous nous abandonner dans ce défilé de mouvements. Nous ne connaissons toujours pas la phrase, mais qu’importe le rythme nous emporte toujours. Quand inopinément, notre main se fracasse, tu nous rassures, tu nous protèges, tu nous laisses assumer nos maladresses. Gestuelle, tu nous enlaces, tu nous caresses, tu nous secoués. Parfois charnelle, parfois cruelle, est ta présence. Mais ta présence répétée nous rafraîchit, nous rajeunit, peut-être même que tes grands gestes nous font vivre. Peinture tu gargouilles ! Et dans ton gargouillement, il arrive que des mots gazouilles. Tantôt poétiques, tantôt sommaires, tantôt riches, engagés, tristes ou bien heureux, qu’importe ils valsent et chantent aussi. Lisibles ou illisibles, qu’importe, le rythme les emporte aussi avec lui.
Mots vous fredonnez ! Et dans un gargouillement collectif, les lignes et les couleurs s’invitent avec orgueil. Sans embarras et disparates, elles se dénudent et se rhabillent sans arrêt. Elles non plus ne connaissent pas la phrase, mais qu’importe, puisque le rythme les emporte. Les voilà qui tourbillonnent dans le ciel grisonnant du matin. Ce jour, nous nous sommes rencontrées. Fatiguées de ne pas avoir dormi, nous balbutions, nous bredouillons. nous nous revoyons, polissons, et agitées la nuit dernière, quand tout nous semblait permis et légitime. Chagrins et tourments s’ajoutent à notre fatigue, ce qui nous rend presque frénétiques, irritables. Nos gestes finissent par devenir lourds et capricieux. Nous ne dansons plus, nous trépignons, qu’importe, maintenant un rythme saccadé nous tient éveillé. Jamais nous voulons dormir, alors nous ne savons plus, mais nous nous poursuivons…
Textes proposés par Elsa, afin de se présenter.
Année de création : 2020
Crédit photographique : © adscite