Rencontre avec le duo New-Yorkais Ratatat
Comme une anomalie dans le système, le groupe Ratatat nous propose un univers original, tout aussi pop qu’il est indépendant. Se détachant des sentiers battus et en adoptant une ligne que l’on peut qualifier de fun, ils expérimentent et prennent des risques. Au fil de ses cinq albums, le duo New-Yorkais a affirmé sa capacité à manipuler les sons, à les tordre pour nous transporter dans leur exaltant monde rétrofuturiste. Selon eux, le dernier album – enregistré entre la Jamaïque, Long Island et leur studio à Brooklyn – est leur meilleur, rien que ça : « Magnifique est notre meilleur album, il est vraiment « dope« . Pour nous, c’est un peu comme un retour aux sources, aux sons de notre premier label, beaucoup plus focalisés sur la guitare. »
Mike Stroud et Evan Mast, respectivement guitariste et multi-instrumentiste, se sont rencontrés au Skidmore college en 2001. L’un étudiait le les beaux-arts et l’autre la musique. Depuis, ils partagent leurs découvertes et inspirations musicales mais aussi leurs quotidiens entre les tournées et la composition.
« Comme à peu près tout le monde, nous écoutons de tout, autant de la musique classique que du hip hop. Nous sommes particulièrement inspirés par la musique psychédélique et les riff de guitare des années 70. On aime aussi beaucoup la dub et le reggae. » La boîte à rythme donne le ton d’une ritournelle psychédélique. Les riff de guitare, bien présents, sont rayonnants et ensoleillés. Et le synthé, pop à souhait. Pas de doute, ces deux-là nous proposent une musique rafraîchissante à la fois universelle et tellement singulière. Les inspirations reggae apportent une touche chill à cette musique électro-rock brute sans voix et sans trop d’arrangements, ce qui confère au groupe Ratatat un style résolument cool !
« On écoute aussi de la musique house, de la dance mais les choses qui sont populaires aujourd’hui semblent loin de ce dans quoi on s’implique musicalement. »
A mille lieues de ce qui est populaire, c’est sur, mais il est clair que le groupe jouit d’une notoriété certaine. Et pour cause, il a su habilement capter un public indé autant qu’un public moins averti. Si bien qu’on ne saurait pas tellement les ranger dans un style – pop, rock, électro, voire même reggae ou dub. Discrets et peu médiatiques, les deux acolytes de Ratatat font pourtant l’unanimité à chaque sortie d’album avec des sonorités universelles, ludiques et feel good inspirées de leur vie New Yorkaise. « Notre première inspiration c’est New-York car il se passe toujours quelque chose. Je me souviens avoir été marqué par l’exposition de James Turrell, il y a quelques années, qui était vraiment excitante. »
Comme James Turrell, Ratatat nous plonge dans un grand espace lumineux et coloré où l’on ne distingue plus les perspectives. C’est une musique qui se ressent. À chaque écoute, nous voilà happés dans un kaléidoscope pop multicolore de loop et de sonorités vaporeuses. Définitivement psyché !
Attiré par la création audiovisuelle et le Media art, le groupe n’a pas hésité à intégrer des extraits de films dans leurs chansons et nous raconte : « Nous aimons tous les deux le cinéma, et d’ailleurs quand nous étions sur la production du premier album, nous étions obsédés par le film Breaking away. On a du le voir ensemble au moins dix fois. Et sur le dernier album, on s’est pas mal inspiré du travail d’Eric Gradman. »
Petit plus : Leur album LP3 a été entièrement autoproduit puis disponible gratuitement sur internet, agrémentés de vidéos clip tous plus hallucinants les uns que les autres.
Remerciements : Because Music
Mathilde François