Rencontre avec l’artiste joaillière Lucile Dumolard
Lucile Dumolard est une jeune artiste joaillière rencontrée au salon Maison&Objet de janvier 2017, à Paris. Elle est reconnue Artisan d’Art par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de l’Isère depuis 2015, et a lancé sa marque Lu-Du en 2013.
Pouvez-vous présenter Lu-Du ?
J’ai fondé la marque Lu-Du en 2013 à Grenoble, où se trouve mon atelier, lieu où je peux uniquement recevoir sur rendez-vous. Maintenant, je développe mon réseau en participant à des salons, principalement professionnels. Les créations que je propose sont en argent ou plaqué or, et il existe aussi toute une gamme « sur-mesure ». Pour cette dernière gamme, je fais du cas par cas, les gens viennent me voir avec leurs simples idées ou avec des projets plus établis, ou alors nous partons ex nihilo. Il y a donc deux volets à mon travail, une partie très bijoutier joaillier classique avec les particuliers et une partie bien plus libre et contemporaine avec les créations. Pour elles, je n’ai pas d’autre maître que moi-même, je peux explorer tous les univers formels qui m’intéressent. Je ne souhaite pas sortir deux collections par an. Je préfère et j’ai à cœur de présenter des choses valables, que je trouve abouties. Je ne m’amuse pas à suivre les modes, je me positionne plus dans une démarche d’artisan créateur. Je préfère approcher l’objet d’art que l’accessoire de mode.
Vous parlez beaucoup d’art, quel est votre parcours ?
J’ai suivi une formation très classique en bijouterie joaillerie, en passant pas un CAP, un Brevet des Métiers d’Art et un Diplôme des Métiers d’Art. C’est avec le Diplôme que nous avons bien plus exploré le domaine artistique, nous étions poussés à expérimenter la création contemporaine. Et depuis, même si je reste très attachée au métier de bijoutier joaillier et son travail du métal, j’ai à cœur de proposer des choses plus atypiques, enfin disons moins conventionnelles dans le monde de la bijouterie.
Pourquoi seulement travailler en argent et plaqué or ?
Pour le plaqué or c’est uniquement parce qu’il est extrêmement difficile d’avoir une production en or pour des raisons de trésorerie. Je travaille l’or et les pierres précieuses uniquement en sur-mesure.
Pour l’argent, c’est un attachement particulier à l’univers technique de la bijouterie traditionnelle. C’est un métal que je trouve très agréable à travailler. L’argent a une belle couleur, presque blanche. Je le trouve épuré, simplement. Et même s’il s’oxyde, c’est vrai, c’est toujours moins que le laiton. Et l’argent est portable par tout le monde.
Pouvez-vous présenter quelques collections ?
La collection Worm, créée pour le salon Maison&Objet 2017, compte des bagues et des boucles d’oreilles en argent et argent plaqué or avec des oxydes de zirconium. Le but était de travailler une ligne très joaillerie, avec la couleur or et les oxydes de zirconium qui sont les diamants de synthèse les plus courants. Je voulais quelque chose de très épuré et dynamique. Les inspirations étaient la ponctuation, le dessin et les estampes japonaises. Je voulais quelque chose en mouvement, presque vivant, tout en restant très design.
Une autre collection très emblématique est celle appelée Les Cailloux. C’est ma première collection, je l’ai faite à la fin de mes études. Les bijoux sont en argent massif avec un état de surface blanc sur une texture de pierre, ce qui renforce le côté minéral. Nous sommes ici dans un tout autre univers qu’avec les Worm, nous ne sommes plus dans le design mais dans la recherche de la matière, dans le bijou sculpture. Les Cailloux se portent essentiellement seuls, ils ne se marient pas forcément avec d’autres pièces à cause de leur côté « pièces d’exception ».
La dernière collection dont je souhaite parler est la collection Papier. C’est ma gamme la plus singulière car j’y utilise les matières les plus atypiques. Je mets du papier journal verni sur l’argent en petit volume cela rappelle la céramique ou à des tessons de mosaïque. Je suis dans quelque chose de beaucoup plus personnel avec cette collection, je trouve la charge symbolique du papier extrêmement forte. Le papier c’est un objet de transmission, sur lequel on peut écrire et lire. C’est pour cette raison que je souhaitais intégrer des écritures à ces bijoux. On peut y trouver les alphabets chinois et japonais, deux langues étrangères pour ne pas transformer le bijou en chose à lire. Je voulais rester dans un graphisme très visuel.
Et où peut-on se procurer les bijoux Lu-Du ?
Sur mon site web une liste de points de vente est dressées et une autre liste présente les salons et événements auxquels je me rends. Et même si mon site n’est pas marchand, on peut y passer commande, je suis réactive aux e-mails et appels.
Photo de couverture : Bague caillou – argent © Monique Morange
Alexandre Fisselier