Philippine Boulay, de l’art de l’abstrait
Entre Paris et Londres la jeune artiste Philippine Boulay nous raconte son parcours et nous parle de ses sources d’inspiration, d’une ville l’autre.
Philippine, vous êtes une jeune artiste Française, de 23 ans, vous travaillez à Londres, Paris, ou encore New York, ressentez-vous des différences dans votre processus créatif en rapport avec chaque ville ?
Oui, les inspirations conscientes et inconscientes diffèrent en fonction du lieu où je peins. L’atmosphère de la ville, les conditions de travail et l’esprit sont différents ; c‘est en cela que le processus créatif peut varier tout en restant fidèle à mon identité artistique. Lorsque j’ai travaillé à New York, les hautes températures de l’été me déconcentraient alors je peignais souvent de nuit ou très tôt le matin, après ou avant l’effervescence des foules dans les rues. C’était très agréable, comme des instants figés où je me retrouvais seule avec la peinture.
Si vous deviez choisir une unique ville pour ouvrir votre atelier quelle serait-elle ?
Londres. Car elle est une des plaques tournantes de l’art contemporain. Un très grand nombre de galeries y est installé, et les jeunes artistes sont poussés à se faire connaitre grâce à divers concours artistiques, de shows étudiants, etc. Les écoles d’art y sont aussi très célèbres. Le milieu de l’art est très ouvert et dans une continuelle optique de nouveautés.
Vous avez étudié au Wimbledon College of Arts, que retenez-vous d’essentiel de ces années ?
Ces trois années m’ont permis de comprendre en quoi trouver et créer son identité artistique est difficile. La maturité, l’expérience, le challenge, la recherche sont constamment demandés par les professeurs qui nous accompagnent individuellement. J’y ai appris que le métier d’artiste est aussi solitaire que mondain. Ne jamais se fermer à ce qui nous entoure et savoir utiliser notre interprétation est primordial. Des rencontres de toutes sortes m’ont faite évoluer artistiquement et psychologiquement. J’en apprends tous les jours !
Avant d’intégrer cette école, quel a été votre parcours ?
J’ai passé un bac général littéraire, puis me suis orientée vers des études de commerce mais j’ai rapidement affronté le risque de suivre une année de préparation aux concours d’entrée aux grandes écoles d’arts. Je voulais absolument rejoindre Londres pour y commencer mon parcours artistique.
Vous peignez, photographiez, collez, sculptez, dessinez, plusieurs supports et plusieurs technicités. Pourquoi cette amplitude créative ?
Cette amplitude créative est nécessaire, je pense qu’il est bon pour un artiste de maitriser plusieurs disciplines artistiques, d’autant plus qu’elles peuvent être réunies. L’évolution est une qualité requise chez un artiste. On ne parle plus aujourd’hui de peintre mais d’artiste plasticien.
Une discipline vous met-elle plus à l’aise ?
Depuis plusieurs années, je me concentre sur la peinture car elle m’attire naturellement plus. Je maîtrise ce domaine et donc m’y familiarise automatiquement. La peinture restera toujours le support artistique qui nourrit ma plus grande passion.
Vos meilleurs souvenirs d’expo ?
La rétrospective sur Sigmar Polke à la Tate Modern, exposée dans un immense espace pendant plusieurs mois l’année dernière. L’exposition s’appellait « Alibis : Sigmar Polke 1963-2010 ». J’étais scotchée devant ses oeuvres monumentales et émue en l’imaginant réaliser ce travail de titan, notamment ses peintures abstraites qui ont marquées la fin de sa carrière. Cet artiste m’a inspiré pour la variété de styles et de matériaux.
Alexandre Fisselier