Insouciantes, négligentes et indifférentes, les séries de photos Des Ordinaires Sensualités mettent en scène des situations retranscrites impulsivement. Le photographe emploie un simple appareil argentique et se restreint à ne pas s’appliquer sur la lumière et le cadrage. Les modèles ne sont pas maquillées professionnellement, portent leurs vêtements et accessoires et doivent mettre en scène la seule indication suivante : les mouvements du magnétisme d’une femme. Elles sont invitées à se déplacer dans leur espace, à improviser des poses, sans se préoccuper de l’instant où les photos seront prises.

Ces déambulations libres dévoilent une sensualité – parfois crispée – mais résolument réelle. En ce sens Des Ordinaires Sensualités s’oppose au travail du photographe Horst P. Horst et à sa conception de la beauté tirée d’une étude intense de la sculpture grecque et de la peinture classique. Les photos sont ici les copies de réalités imaginées par les modèles à l’instant, leurs effets personnels aidant à la création d’une bulle intime. Là où Horst alimentait son travail d’un idéal classique pour créer une fiction presque onirique, Des Ordinaires Sensualités confronte uniquement une séquence intime de l’existence au mouvement continu de la vie. Chaque séance est l’occasion de monter une séquence photographique comme une histoire à part entière.