La Babathèque de Fai Baba
À l’occasion du Festival Beauregard, adscite a pu rencontrer le prolifique Fabian Sigmund a.k.a Fai Baba. Avec déjà cinq albums à son actif et plus de dix ans de carrière, le jeune Zurichois nous propose une pop psychédélique, tantôt rock, tantôt blues ou soul, tout droit venue des seventies et par laquelle on se laisserait volontiers emporter ; les synthés envoutants, la guitare lancinante et cette voix langoureuse y étant pour beaucoup. Accompagné de son acolyte, le batteur de Jazz Domi Chansorn, tombé dans la marmite de la musique dès son plus jeune âge, il nous présente sa Babathèque, inspirée et inspirante.
Découvrez l’autoportrait de Fai Baba
Quelles sont les inspirations musicales de Fai Baba ?
D’ordre général, nous partageons les mêmes goûts. Nous sommes tombés d’accord sur une certaine sorte de musique, pas un genre, mais bien une sorte. Pour nous, une bonne musique, c’est une musique qui est vraie et honnête, mais aussi innovante. Cela peut être du jazz, du rock’n’roll, du hip hop, etc. et pas forcément de la musique undergound adressée à un public restreint.
Pour beaucoup de monde, la musique est un langage international. Elle nous transporte, nous fait ressentir des émotions, des vibrations ; et il y a des chansons très commerciales que nous apprécions quand même car elles nous transportent et véhiculent de bonnes vibes, une bonne énergie. On peut dire que nous écoutons un peu de tout, tant que ça nous fait ressentir des choses. Par exemple, il y a quelques années, lors d’un voyage à New York, la playlist de l’avion proposait du Lana Del Rey. Je pensais que c’était de la musique très commerciale et pas assez cool mais, comme je suis curieux, j’ai voulu écouter et j’en suis tombé amoureux. Maintenant, lorsque je voyage, j’écoute du Lana Del Rey. Cela m’a beaucoup inspiré pour créer des chansons d’amour tristes.
Et les inspirations culturelles ?
C’est comme la musique, quand tu aimes un morceau, tu ressens un certain nombre de choses. Pour moi, c’est une question d’attraction et on peut trouver cette électricité partout. Dans l’art, mais aussi dans le design, avec une chaise par exemple ou n’importe quel objet.
C’est pour ça qu’avec Fai Baba, on vit le moment présent, en live évidemment, mais aussi quand on enregistre. On essaye un maximum de refléter l’environnement, les différents lieux dans lesquels on joue et cela nous donne une certaine liberté.
Je suis né en Suisse, j’y ai toujours habité et je pense qu’en tant qu’occidental, on a du mal à revenir à nos origines, à cet état de nature. Avec Fai Baba, nous sommes assez inspirés par les coutumes des différentes civilisations du monde. On pourrait parler de ce rituel chaman que nous avons repris dans une de nos chansons. Une partie a été enregistrée à partir d’un instrument amérindien, une sorte de shaker de feuilles qui fait « Ch ch ch ». C’était un exercice très libre où on se baladait en secouant ce shaker. Encore une fois, c’est une histoire de vibes. Il en est de même pour tous les instruments, et notamment les instruments indiens que nous aimons beaucoup.
Tu évoquais les lieux, peux-tu nous parler de la scénographie, avec la batterie devant ?
Nous avons essayé plusieurs dispositions et être au centre face à face est une bonne façon de jouer ensemble. Chacun peut voir l’autre parfaitement et ça crée une certaine énergie, très brute et resserrée. Si on jouait sur une grande scène et qu’on voulait occuper tout l’espace, on serait à dix mètres l’un de l’autre et on ne pourrait pas se voir, impossible. Cette scénographie, elle est naturelle pour nous, et même quand on joue sur une immense scène, on reste serrés l’un à l’autre comme ça.
Comment se déroule votre processus de création ?
C’est assez simple. J’écris les chansons puis nous allons en studio pour les arranger. Ensuite, on commence à enregistrer et chacun apporte ses idées. Mais nous sommes très libres. Pour le dernier album, Domi était chargé de produire six chansons, et cela en toute liberté. Je ne souhaite pas forcer le processus créatif en disant « Je veux une chanson comme ça » ou « Je déteste ça ». On propose une idée au groupe, ensuite on la laisse mûrir et tout le monde sent quand elle est bonne.