MatériO, bibliothèque de matériaux innovants
adscite a rencontré le créateur de MatériO, la bibliothèque de matériaux innovants pour architectes, designers, artistes ou étudiants.
MatériO, c’est quoi ?
L’idée est toute bête et consiste à identifier partout dans le monde tous les producteurs de matières singulières, atypiques, innovantes, mouton à cinq pattes, trucs bizarroïdes, etc. Donc avant tout, nous faisons de la veille sur la matière, et à chaque fois que nous nous arrêtons sur un matériau fait par un industriel nous créons sur la base de données de MatériO une fiche relativement simple pour expliquer la ou les raisons du référencement de ce type de matière et les coordonnées de l’industriel. Ensuite, nos utilisateurs ont accès à ces mêmes fiches, ils peuvent alors reprendre les informations et contacter directement les industriels pour leurs différents projets. Ça, c’est vraiment l’élément principal de MatériO, la base de données et ses milliers de références de matériaux.
Le second exercice est d’essayer de récupérer de la part des industriels des échantillons afin qu’à MatériO nous puissions présenter les matières physiquement. Car la fiche peut vous raconter que « truc » est un polymère isométrique super marrant, que si je le tords il fait de l’électricité, que si je le soumets à un champ électrique il se tord, mais le fait de voir le truc, de le toucher, c’est aux showrooms que les utilisateurs de MatériO peuvent le faire. Ce deuxième exercice n’est jamais facile car les industriels ne comprennent pas toujours pourquoi nous leur demandons des échantillons alors que nous n’avons pas de projets concrets derrière. À l’usure, nous arrivons à avoir les échantillons et enfin les montrer concrètement, matériellement, à nos utilisateurs.
Qui sont les utilisateurs de MatériO ?
Quand nous choisissons les matériaux nous n’avons absolument aucun focus d’emploi. Nous regardons uniquement la singularité de la matière. Il y a une réelle volonté de décloisonnement des secteurs. Nous présentons nos matières et après elles partent dans tel ou tel domaine suivant les besoins. Ce service s’adresse du côté utilisateur à tous les types de professions de la création. Nous ciblons autant les architectes, les designers, les concepteurs de packaging, les créateurs de mode que les industries de cosmétiques, de luxe, ou encore l’automobile ou l’aéronautique. C’est extrêmement large car nous partons du principe que toutes les professions de la création sont intéressées par la matière. Et les utilisateurs sont éparpillés partout dans le monde, notre service étant très numérique, en français et anglais.
Un domaine se démarque-t-il quand même ?
Au doigt mouillé, je dois avoir entre 20 et 25% d’architectes, beaucoup de gens affiliés à l’industrie du transport tant automobile que ferroviaire, le luxe et le secteur des technologies connectées. C’est trop large pour avoir des chiffres précis. Et surtout, quand dans nos clients nous comptons un membre du groupe l’Oréal, je ne sais pas si cette personne est là pour la cosmétique, le packaging ou pour l’aménagement des boutiques.
Est-ce exclusivement sur des matériaux où vous dénicher aussi de nouvelles technicités ?
Le terme de matériaux est un peu impropre. Pour le coup, nos utilisateurs voient souvent MatériO comme une matériauthèque de matières innovantes. Nous ne référençons pas uniquement des matériaux mais aussi des processus attachés à la matière. Par exemple, une entreprise spécialisée dans le frittage laser pour créer de grands objets dans certains types de polymères sera référencée grâce à son expertise dans la mise en forme 3D des polymères.
Nous pouvons même aller dans l’immatériel, par exemple en transformant une table en télécommande géante grâce à de petits capteurs d’analyse de l’onde sonore, en référençant des technologies. Et le terme matériau me gêne aussi car chez MatériO nous n’avons aucun souci d’exhaustivité. Nous ne sommes pas là pour montrer tout ce qui existe mais tout ce qui, dans l’existant, a de la singularité. Dans les faits, MatériO c’est moins que les matériaux et plus que les matériaux.
Galerie photo
Alexandre Fisselier