La Bergerthèque par Flavien Berger

Nous avons rencontré Flavien Berger cet artiste complètement décalé à l’univers unique. On a pu discuté de ses influences aussi bien musicales qu’artistiques et il a choisi de nous parler de cinéma.

Retrouvez les autoportraits de Flavien Berger réalisés en 2016 et en 2019.

Influences musicales

Flavien Berger : « Elles sont multiples et variées. J’ai un peu de mal avec la notion du genre, je ne crois pas en ce système. Selon moi, il est possible de véhiculer une même énergie avec des styles différents. J’aime justement quand des artistes, des musiciens s’adaptent à un style musical qui n’est pas le leur avec des outils qui ne sont pas les bons. Par exemple de la folk avec des instruments 8bit ou du 8bit avec des instruments folk. Pas en faisant de la fusion mais en reproduisant avec tes propres outils des émotions propres à d’autres énergies musicales.

Je suis aussi de la génération internet, j’ai donc des playlist avec des sons qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Et pourtant, moi, j’y trouve une certaine filiation. Si je dois être plus précis : j’aime bien ce que dégage le blues. C’est intrinsèque à la musique. On peut même parler de mythologie, avec des éléments récurrents comme la femme absente que l’on désire, le diable qui se profile toujours un peu à l’horizon, ça m’inspire beaucoup. »

Influences culturelles

Flavien Berger : « J’aime beaucoup le travail du cinéaste indépendant Richard Linklater qui fait des films assez mainstream avec des idées cools et assez expérimentales. Par exemple, filmer des comédiens pendant douze ans pour sortir un film à la fin, Boyhood, ou faire une trilogie avec un volet tous les dix ans avec Ethan Hawke et Julie Delpy. Toujours en intégrant les comédiens dans le processus d’écriture. En ce sens Richard Linklater m’inspire beaucoup, il ne fait pas que des films, à chaque fois il pose les bases de ce qu’est une production et il essaye de se donner des contraintes comme des dogmes à l’image de Lars Van Trier. J’adore l’idée de se donner des contraintes pour en sortir un projet culturel sensible et intéressant.

Sinon j’ai adoré Mad Max, encore un film de George Miller. Ce dernier a réalisé un de mes films préférés, Happy Feet, une simple idée me faisant voyager – il a beaucoup travaillé sur les échelles pour celui-ci. D’ailleurs, à chaque fois, il aime s’approprier une technique, que ce soit la motion capture pour Happy Feet ou les intégrations de lèvres pour le film Babe avec de l’image 3D, ce qui à l’époque était révolutionnaire. Et Mad Max c’est magnifique, c’est épic, un bon film de pirates. »

Quel est ton concept artistique ?

Flavien Berger : « Je veux continuer à raconter des histoires, voir jusqu’où aller, c’est ce qui m’importe. Je fais mes petites chroniques filées avec une certaine polysémie qui englobe un projet LP ou EP. Comme la cosmogonie que l’on peut faire dans mon album Léviathan, avec des éléments récurrents qui se croisent de chanson en chanson. J’aime l’idée de prendre une histoire par n’importe quel bout et la recouper. On essaye de transposer cela dans mes clips avec tous les réalisateurs avec qui je travaille. On fait passer des éléments, des pistes, de clip en clip où, si le spectateur cherche, il peut, comme dans un jeu de rôle, trouver différentes portes de sortie.

Pour moi il est important, même en musique, que les projets soient lisibles de différentes manières. J’ai la chance que les gens viennent me voir, pourtant ils n’ont pas les mêmes émotions, les mêmes chansons préférées, ou les mêmes visions de mon travail. Ça forme des bouquets et c’est très bien. »

En bonus venez découvrir le site dédié à l’album de Noël de Flavien Berger http://contrebande.pizza à consommer sans modération.

Références en plus

Richard Linklater (30.07.1960)

Réalisateur, scénariste et producteur américain. Filmographie non exhaustive :

  • 1991 : Slacker
  • 1995 : Before Sunrise
  • 2004 : Before Sunset
  • 2005 : Fast Food Nation
  • 2006 : A Scanner Darkly (coup de cœur Adscite) 2013 : Before Midnight
  • 2014 : Boyhood

La trilogie avec Ethan Hawke et Julie Delpy est composée des trois « Before »

  • Ours d’argent du meilleur réalisateur, Festival de Berlin, 1995
  • Meilleure actrice, Empire Awards, 2005
  • Meilleure actrice, San Francisco Film Critics Circle, 2004
  • Meilleur film de l’année, The New York Times, 2013

Boyhood, réalisation et scénario par Richard Linklater

Tournage débuté en été 2002 et terminé en octobre 2013.

Mason et sa sœur Samantha vivent seuls avec leur mère, Olivia, (Patricia Arquette) depuis le départ de leur Père (Ethan Hawke) pour l’Alaska. Le film retrace douze années, de l’enfance à l’âge adulte, entre une mère responsable et un père qui l’est moins.

  • Ours d’argent du meilleur réalisateur, Festival de Berlin, 2014
  • Meilleur(e) Film, Réalisateur, Actrice dans un second rôle, BAFA 2015
  • Meilleur film dramatique, Réalisateur, Actrice dans un second rôle, Golden Globes 2015

Les dogmes de Lars Van Trier, Dogme95, écrit en 1995 à Copenhague, conjointement avec Thomas Vinterberg, ont pour but un cinéma réaliste, au style vif, et brutal, au format académique 35mm.

Remerciements Because MusicWe Love GreenPan European Recording | Photo à la une © Marion Buiatti

Alexandre Fisselier