Cabourg, Mon Amour – L’amour à la plage
Depuis cinq ans, le festival Cabourg, Mon Amour s’amarre aux plages de la station balnéaire normande éponyme. Dans quelques jours, les 28, 29 et 30 juillet 2017, la sixième édition du festival, portée par Premier Amour, les Niçois et Super! débutera et ravira les festivaliers à coup de pop charmante, de couchés de soleil olympiens et de brises marines délicates.
Cette année, la plage Cap Cabourg accueillera également des animations musicales gratuites, afin de partager avec les baigneurs l’ambiance unique du festival. Une atmosphère particulière poussée jusqu’au bout de la nuit, au Casino de la ville de Cabourg, qui accueillera les plus motivés pour des aftershow officiels – au programme, rien que pour les after, Pain Surprises Records invite Le Tournedisque, les Fils de Vénus invitent La Kidnapping et Le Turc Mecanique ou encore You Man et le DJ Inrocks Steady Crew.
Rencontre avec Jean-Baptiste Devay, co-programmateur du festival.
Cabourg, Mon Amour en est à sa sixième édition cette année, quelle est l’histoire du festival ?
À l’origine de Cabourg, Mon Amour, il y a une association, Premier Amour. Elle a géré seule les deux éditions initiales avant de nous accueillir, nous l’équipe de Super!, pour les suivantes. Super! est une agence artistique basée à Paris. Nos missions sont de découvrir des talents puis, pour schématiser, de les faire tourner, de produire des concerts et des festivals, etc. Aujourd’hui nous représentons plus de deux cents artistes comme Nicolas Jaar, Animal Collective ou Bon Iver. Pour certains depuis leurs débuts. Nous joindre à l’aventure était donc évident pour nous. L’idée de faire un festival avec nos artistes, ceux que nous adorons, français comme internationaux, nous bottait depuis longtemps. Aller chercher des petits groupes en lesquels nous croyons, pour les faire jouer sur un site aussi incroyable et beau que celui de Cabourg, Mon Amour est génial.
Je pense que 50% du festival est tenu par le cadre qui est tout simplement magnifique. Nous profitons d’être sur la plage pour proposer différentes activités comme du Mölkky ou encore du badminton, tout en conservant un large espace pour se poser et profiter du soleil avec ses amis, sur une sublime plage normande. Cette année, nous ajoutons à cette dimension chill des DJ set gratuits sur la plage, l’après-midi, un peu comme des siestes électroniques, de 14h à 17h le vendredi et le samedi, et de midi à 14h le dimanche. Ainsi, les gens pourront aller se baigner en profitant de la musique avant de pénétrer sur le site ou non, car ces sessions seront ouvertes à tous.
Cabourg, Mon Amour tu y viens pour passer un agréable week-end où tu vas profiter de la musique, t’amuser, te reposer, bien manger… Nous voulions une offre complète pour un kif parfait. Aller à Cabourg, Mon Amour c’est un peu aller à contrepied de tous les autres festivals géants qui poussent partout aujourd’hui. Nous ne cherchons pas les grosses têtes d’affiche en exclu. Notre idéal serait même de ne plus chercher de noms connus et d’uniquement proposer des découvertes. Et c’est génial, car nous y arrivons de plus en plus.
Et sur cette programmation 2017, quels sont tes coups de cœur ou tes conseils de concerts à ne surtout pas rater ?
Nous attendons avec impatience le live de Polo & Pan (découvrez l’autoportrait de Polo & Pan) le cadre se prête parfaitement à leur pop empruntée d’été. Avec le couché du soleil derrière eux, ça risque d’être magnifique. Polo & Pan à Cabourg, Mon Amour c’est presque trop simple, ce n’est pas un conseil, c’est une évidence ! Sinon, Lescop est un groupe qui selon moi est arrivé à maturité, il faut absolument voir ça.
Dans les découvertes, il faut se pencher sur les envoutants Cigarettes After Sex, un groupe dans la veine de Kings of Convenience. Il faut aussi passer voir le duo Agar Agar que nous adorons, ou encore Sônge (découvrez l’autoportrait de Sônge) une artiste que nous défendons chez Super!, elle incarne un peu la relève du hip-hop RnB à la française.
Cette édition nous permet aussi de faire revenir des artistes que nous aimons et suivons depuis longtemps et qui ont des propositions différentes de leurs premiers passages chez nous. Fishbach (découvrez l’autoportrait de Fishbach), par exemple, était venue jouer toute seule sur la plage en 2016. Cette année, elle sera présente avec son groupe sur la grosse scène. En 2015, nous avions eu un problème de météo pendant le set de Jacques (découvrez l’autoportrait de Jacques), nous l’invitions donc à nouveau sur la plage. Les gars de Paradis, qui jouaient en DJ set en 2016, nous ont demandé pour revenir en formation « groupe » cette année. Et bon, il y a des propositions que l’on ne peut pas refuser.
Tu n’en as pas parlé, mais nous avons été surpris de voir Shame dans la programmation. Que vient faire leur énergie folle à Cabourg ?
On voulait un groupe vraiment rock et là, pour le coup, c’est très anglais. Très anglais qui boit de la bière. Mais c’est cohérent avec l’idée de proposer des prestations scéniques qui vont étonner les gens, qui vont casser les attentes. Avec Cabourg, Mon Amour, nous voulons aller chercher la pop dans toutes ses dimensions. Avec Shame nous sommes sur une sorte de pop anglaise très rincée.
Peut-on parler de têtes d’affiche « love » ? Prenons par exemple un Flavien Berger, présent en 2016, les gens qui l’aiment, l’aiment vraiment. C’est peut-être ça la véritable ligne de Cabourg, le « love » ?
Parfaitement. Des artistes comme Lescop, Jacques, Agar Agar, Fishbach ont tous une véritable communauté d’amateurs de musique derrière eux. Ils ont un type de nouveaux fans qui découvrent la musique différemment, essentiellement grâce à Deezer ou Spotify. Ce sont des gens qui n’ont plus besoin d’aller chercher la musique comme avant. Chaque personne peut ainsi construire sa propre identité musicale sans être matraquée par les majors.
Nous avons remarqué beaucoup d’artistes qui gravitent autour de FGO-Barbara. Vous êtes en lien avec eux ?
Tout au long de l’année nous travaillons à programmer des concerts, à côtoyer les gens du milieu de la musique et à croiser de nombreux artistes. C’est un fait, beaucoup d’entre eux, de ceux que nous aimons, sont passés par FGO. De chez eux, je pense à Inigo Montoya que nous avions fait jouer, il y a deux ans. L’année dernière il y avait de mémoire Bonnie Banane qui y était passée. Et pour l’édition 2017, Agar Agar, Jacques, Sônge et Renart sont aussi des habitués du centre.
Cependant, nous ne sommes pas officiellement partenaires. Nous avons forcément des liens avec les gens de FGO, car ils sont extrêmement actifs sur les groupes qu’ils encadrent, qui ont tous des projets avec de véritables directions artistiques. Nous nous y retrouvons donc parfaitement pour Cabourg.
Tu parles de direction artistique, ça nous amène sur un autre sujet, celui de l’imagerie de Cabourg, Mon Amour. Pouvons-nous parler de Jean Jullien ?
Cela fait un moment déjà que chez Super! nous bossons avec Jean Jullien. Nous lui avions demandé, il y a six ou sept ans, avant qu’il explose à l’échelle internationale, de s’occuper de l’affiche du festival Fireworks. Un autre festival dont nous nous occupons, qui se tient à Paris en Hiver. À partir de cette première collaboration, nous avons continué de travailler avec lui sur plusieurs projets. Puis Jean vient régulièrement à nos concerts, nous avons dont naturellement commencé à le connaître et à l’apprécier au delà de l’artiste. C’était donc spontané de lui proposer de faire l’affiche de Cabourg, Mon Amour 2016. Et de ne pas changer une équipe qui gagne pour 2017… Du coup, Jean Jullien a de nouveau signé l’affiche.
Et pour la scénographie, c’est toujours l’équipe de Tempête ?
Comme pour Jean Jullien, pourquoi changer ? Les scènes seront toujours sans fonds, pour laisser toute la beauté du paysage s’exprimer en arrière plan des concerts. Cependant, le cadre va être un peu modifié cette année à cause des marrées. Nous devons légèrement nous décaler. La scène principale reste sur la promenade Marcel Proust, elle ne craint rien. La seconde par contre ne sera plus en pied de promenade, sur la plage, mais dans la continuité de la première. Sur la plage bien sûr. Elle sera juste un peu plus haute, pour ne pas se prendre la flotte en plein montage, ou pire, en plein concert.
Justement, n’est-ce pas compliqué d’organiser un festival dans une station balnéaire ?
Cela n’a pas toujours été évident, mais comme nous savions dès les débuts comment gérer l’affaire, ça allait. Nous avons constamment échangé avec les mairies des communes touchées, mais aussi avec le voisinage. Nous avons tenu plusieurs réunions locales pour informer les gens et nous faisons participer les commerçants.
Il faut être en bonne intelligence avec tout le monde. Un exemple bête me vient à l’esprit : quand nous faisons les tests pour le son, nous nous rendons directement dans une quarantaine d’appartements de riverains. Histoire d’entendre le son qui s’y répercute et d’affiner la chose pour ne pas trop les déranger. C’est beaucoup d’attention et de travail pour satisfaire les festivaliers sans pourrir la vie des locaux. C’est très important pour ancrer un festival durablement. La première année, des gens s’étaient plaints du son trop fort, alors que l’année dernière nous n’avons reçu que de bons retours. Le but est que ça continue comme ça.
Peut-on parler des propositions gastronomiques du festival ? Plus de propositions végétariennes ?
On repart avec Les Niçois pour l’édition 2017, tout en améliorant l’offre globale. Je n’ai pas totalement étudié la carte, mais je peux te dire qu’il y aura plus de fruits de mer, avec des bulots mayonnaise, des huîtres, des fish&chips, etc.
Pour les végétariens, nous avions reçu plusieurs remarques sur le manque de propositions. Du coup nous avons fait une réunion sur le sujet pour proposer bien plus de choses, avec de belles créations qui ne seront pas de simples salades de crudités.
Quelle est la fréquentation du festival ?
Assez parisienne et très amatrice de musique. Pour permettre aux festivaliers de venir sans se prendre la tête à chercher un endroit où dormir, nous avons agrandi le camping. L’offre de logement reste limitée donc nous réservons un maximum de logements en amont pour nos équipes, afin de bouffer le moins de place possible au dernier moment. Depuis six ans, l’offre sur AirBnB s’étoffe de plus en plus. Les locaux se rendent bien compte qu’ils peuvent louer ou sous-louer leurs logements pour profiter financièrement du festival, ou simplement pour partir en week-end à moindre frais. Avec Cabourg, Mon Amour la ville se mue d’elle même l’espace d’un week-end, et chacun y trouve son compte.
Remerciement Super!
Alexandre Fisselier