Interview du groupe Jagwar Ma

Lors de notre passage au festival Cabourg mon Amour, nous avons discuté quelques instants avec le groupe australien Jagwar Ma. Musique, tournée avec Tame Impala, amour pour la comédie, surf… Qui sont les Jagwar Ma ?

Retrouvez l’autoportrait de Jagwar Ma, ainsi que celui de Tame Impala

Comment était la tournée avec Tame Impala ?

C’était vraiment bien, nous terminions d’enregistrer notre second album, Every Now and Then. C’est vraiment une source d’inspiration de partir en tournée, surtout avec un groupe incroyable comme Tame Impala. Ils sont vraiment adorables. Nous les avons rencontrés à Glastonbury il y a quelques années, et non en Australie. Ils sont venus à nos derniers concerts et nous avons pris la route presque sur le champ. C’était vraiment marrant pour deux groupes australiens de jouer en Europe. On n’a pas mal de private joke australiennes, ce genre de choses. Mais d’avoir l’occasion de suivre Tame Impala et de les voir faire ce qu’ils font c’était vraiment incroyable. Une belle tournée.

Tame Impala et Jagwar Ma © Phil Smithies
Tame Impala et Jagwar Ma © Phil Smithies
En quoi la tournée a-t-elle pu être une source d’inspiration pour vous ?

Déjà, le fait jouer avec Tame Impala est quelque chose de très inspirant. C’est un groupe de mecs qui viennent d’Australie et qui ont commencé à jouer la musique dont ils avaient envie, et cette envie les a amenés au niveau où ils sont aujourd’hui. Nos deux groupes sont différents, la musique que nous produisons est différente et notre processus de création est différent. Mais nous avons ce point commun, deux groupes d’australiens qui jouent la musique qu’ils aiment. Ça, et un background musical assez proche.
La tournée suivant notre premier album a sûrement été notre principale source d’inspiration, elle a influencé l’écriture de notre second album. Ce n’est pas forcément évident pour ceux qui l’écoutent mais ça l’est pour nous. Ce n’est pas donné à tout le monde d’expérimenter l’exercice de la tournée, ça t’affecte à différents niveaux, ça s’incruste dans la psychologie du groupe, c’est forcément présent durant la phase d’écriture.

En tous cas, cette tournée de deux-trois ans avec Tame Impala nous a permis d’interpréter pour la première fois en live des chansons du second album. Il y eu quatre ou cinq chansons totalement inédites sur cette tournée. Comme nous n’avions pas terminé l’enregistrement de l’album, c’était comme un test des versions brutes que nous avons pu arranger en studio.

Et des souvenirs de tournées vous en avez d’autres ?

Oui, des expériences similaires avec Foals ou the XX et un tas d’autres musiciens avec qui nous avons fait des festivals comme Coachella ou Glastonburry. Il y a aussi eu le festival Pitchfork à Paris qui était vraiment dément. Ce qui est bizarre, c’est de se dire que, depuis deux ans, nous avons tourné dans des festivals énormes avec des groupes géniaux, avec qui nous sommes même devenus bons-amis. C’est spécial de se retrouver dans cet espèce de grand royaume quand on est des petits mecs comme nous.

Pourriez-vous nous parler de vos influences culturelles ?

Il y a beaucoup de choses. Nous adorons regarder des films. Quand nous sommes en avion, nous nous débrouillons pour regarder le même film et en discuter ensemble après, en faire ressortir des choses différentes. Nous aimons beaucoup la comédie et partageons souvent nos coups de cœur. C’est comme ça que nous avons découvert Warren Thomas et Louis CK grâce à Jono ou Tim and Eric grâce à Jack. Nous adorons rigoler. D’ailleurs, nous adorons Internet. Internet, c’est comme un organisme, probablement un des meilleurs depuis longtemps, et c’est tellement bon ! Youtube par exemple, c’est génial, l’anonymat, ces personnes au hasard. Tu te retrouves à te dire que quelque part à l’autre bout du monde, quelqu’un a exactement le même sens de l’humour que toi.

C’est comme Tim and Eric, c’est une grosse référence pour nous, ils sont comme les Monty Python américains et sont très prolifiques dans la diffusion de conneries sur Internet. Ce sont des sketchs très courts avec une esthétique lo fi vraiment drôle. Ils font jouer de mauvais acteurs intentionnellement et adorent faire des grimaces. C’est une émission à petit budget mais ça marche. C’est un peu comme Austin Powers, c’est tellement mauvais que c’est drôle. Il y avait eu un commentaire qui disait « Heidecker est un Jimmy Hendrix des temps modernes » et tout le monde l’avait liké, c’était n’importe quoi. Il faut vraiment regarder cette émission.
Pour finir, nous avons aussi des influences culturelles plus sérieuses (rire, ndlr). La dernière fois, nous écoutions une chanson des Beach Boys qui s’appelle Stoked. Nous adorons les « trucs de surf » un peu psychédélique du début des sixites. En fait, il y a surement une connexion à faire avec le surf car nous pratiquons tous ce sport aussi. Ça nous a fait rire car on n’a jamais vu Brian Wilson surfer mais nous sommes persuadés qu’il en fait aussi.
Aussi, plus récemment on peut citer la ville de Londres. C’est une ville qui a vraiment influencé notre écriture, de se savoir à proximité de tant de personnes importantes culturellement, d’être là en personne, ça inspire.

Le second album du groupe, Every Now And Then est sorti le 14 octobre 2016.
Jagwar Ma sera en concert en France du 18 au 22 novembre, à l’occasion du Festival Les Inrocks.

Remerciements
Cabourg mon AmourPIAS

Alexandre Fisselier