Interview du collectif rock Archive

Rencontre avec Pollard Berrier et Holly Martin du collectif rock expérimental Archive. Après 20 ans de carrière ils évoquent l’évolution perpétuelle d’une formation musicale qui s’émancipe à chaque album.

Comment s’est passée votre dernière tournée ? Prêts pour la suivante ?

Pollard : Ça s’est très bien passé. C’était sympa, mais nous avions seulement quelques dates en France, donc finalement ce fut un passage rapide pour nous. Les gens ont été très chaleureux et le public très réceptif, mais on peut aussi dire que la nourriture est excellente !

Pour commencer, quel est le concept artistique Archive ?

Holly : Je dirais juste que c’est être libre.
Pollard : Oui ! Être libre et expérimental. J’aime penser que nos albums prennent vie tout seuls et que nous avons à les déstructurer pour en suivre l’essence, les belles idées qui en ressortent. Nous ne voulons pas en faire trop, nous évitons de les surproduire.
Holly : Oui nous essayons de ne pas trop penser, simplement laisser les choses se passer.
Pollard : Pour moi, il s’agit d’être avec ces personnes dans une pièce et de voir ce qui en sort, avoir confiance en ce qui peut ressortir de cette combinaison, cette alchimie.

Quelles sont vos influences musicales ?

Pollard : Nous avons tous plein d’influences différentes.
Holly : Je dirais que j’ai plein d’influences différentes personnellement (rires, ndlr).
Pollard : Oui on a toujours eu des inspirations différentes mais c’est ce qui fait le son d’Archive, ce son unique. Différents background et différentes influences que l’on réunit dans notre musique.
Holly : Pollard apporte un blues brut dans les voix et l’écriture, Dave apporte son style, j’ai le mien, c’est génial !

Et vos influences culturelles ?

Pollard : Nous regardons beaucoup de films. Le cinéma, ce n’est pas truqué comme la télévision, tu peux vraiment entrer dans la psychologie du personnage et ressentir les choses. Je pense que c’est très important.
Nous sommes tous fans de John Carpenter, son univers fait partie des éléments qu’on intègre dans notre musique. Notamment au niveau des mélodies. Elles sont sur la même ligne mais sonnent relativement différemment. Je pense que l’on est en constante recherche d’inspirations à travers différentes voies, différents arts, des films, etc. Peu importe, cela dépend de l’état d’esprit sur le moment. Ça peut simplement être seul, assis dans un pub et plonger dans un grand « Qu’est-ce qu’il se passe ? ». Vous voyez, l’esprit et le cœur des gens.
Holly : Nous avons même écrit des chansons en utilisant les journaux. On jette un œil aux histoires et aux titres, ce qui nous permet de construire une chanson à partir des éléments trouvés.
Pollard : Je me souviens d’une fois, nous étions tous assis dans une pièce et nous avons vu cette histoire, un homme qui avait perdu ses enfants. Nous nous sommes imaginés la peine que l’on peut ressentir et nous avons essayé de l’exprimer. Ça a donné une chanson magnifique.

Pouvez-vous nous parler de votre processus créatif ?

Pollard : Nous avons toujours fonctionné plus ou moins de la même façon. Ce sont Darius, Dave et Holly qui écrivent les chansons. Darius et Dave ont toujours composé ensemble. Ensuite le reste du groupe intervient sur les chansons. Nos nouvelles compositions vont être vraiment différentes, alors soyez prêts !

Justement en parlant de sonner différemment, est-ce qu’un autre projet comme Axiom verra le jour ?

Pollard : Nous avons toujours voulu faire appel à un réalisateur que nous respectons.
Mais c’est aussi quelque chose qui doit arriver au bon moment. Cela représente beaucoup de travail, tout le monde doit être sur la même longueur d’onde, mais oui, nous y sommes vraiment ouverts, voyons ce qui se passera… Aussi, on a déjà fait quelque chose dans le milieu de la mode, et c’est vrai que j’adorerais m’impliquer dans d’autres projets culturels. Si quelqu’un nous approche, je serais honoré de participer à toutes sortes de combinaisons d’initiatives culturelles et artistiques.

Vous travaillez de plus en plus avec l’analogique, faites intervenir des orchestres, que pensez-vous avoir conservé durant ces 20 ans d’existence ?

Pollard : Je pense que c’est l’honnêteté. Les temps changent et nous continuerons d’expérimenter autour de différents instruments, même si nous essayons de garder les mêmes chanteurs, on ne sait jamais. Holly va peut-être devenir une superstar dans cinq ans (rire, ndlr), on verra. Ou alors imaginons que dans une dizaine d’années, nous jouerons d’un étrange instrument du futur qui sonnera totalement différemment. Qui peut le dire ? Mais peu importe ce que l’on fait, le principal est de rester nous-même, vrais et surtout honnêtes.

Les derniers albums donnent plus d’espace aux membres du groupe, aussi bien musicalement que physiquement sur la pochette, qu’est-ce que cela indique ?

Pollard : Musicalement, chacun apporte une quantité de sons qui lui est propre, mais c’est vrai que nos albums sont moins claustrophobes, ce n’est plus si intense. C’est un exemple coloré de comment utiliser les talents de tout le monde. Et c’est pareil pour la cover de l’album Restriction. D’ailleurs, pour cette photo, nous sommes allés en Island.
Holly : Ça c’était cool !
Pollard : Oui c’était vraiment cool. Les paysages sont magnifiques mais ils sont aussi abrupts et austères. Je pense que c’est le meilleur shooting photo que nous ayons fait.

Pouvez-vous nous parler de vos projets solos ?

Holly : J’écris des chansons pour d’autres artistes et j’aime beaucoup.
Pollard : Et moi je vais travailler sur un album solo, 3 à 4 jours par semaine en studio, pas loin de chez moi.
Holly : J’ai hâte d’écouter celui-là !

Album The False Foundation, sorti le 7 octobre 2016
Tournée en Novembre, plus d’infos par ici.

Alexandre Fisselier