Estarte, la tradition de l’origami futuriste

Intrigant. Voilà le premier mot qui vient à l’esprit lorsque l’on regarde une pièce Estarte. « Une pièce » pour seule appellation car il faut prendre son temps pour analyser et apprécier totalement ce qu’est un produit Estarte. Les yeux s’attardent et l’esprit s’interroge. Est-ce un vase True Colour de Lex Pot ou est-ce une applique Catellani & Smith imaginée par Enzo Catellani ? Peut-être que ces objets sombres et métallisés sont simplement le fruit d’une nouvelle collection Tom Dixon ? À ces trois questions, trois réfutations.

Estarte est le nom d’une maison japonaise créatrice de sacs à main aussi puissants qu’atypiques, aux designs qui ébranlent l’œil baladeur. La force de la marque, de cette empreinte esthétique est de combiner élégamment la tradition japonaise et le modernisme dans un équilibre complexe. Chaque sac est imaginé comme une réalisation artistique qui se doit de trouver sa place dans la mode qui lui est contemporaine. La créatrice de la marque, Mayumi Hanno, précise à adscite que : « pour parvenir à créer et maintenir l’équilibre, nous ne devons pas uniquement nous concentrer sur les aspects traditionnels, mais nous devons également intégrer au design des influences occidentales contemporaines. »

La tradition japonaise est l’âme de Estarte, quand nous cherchons à connaître les influences de la maison, Mayumi Hanno liste : « l’origami, l’architecture japonaise, la cérémonie du thé et les pots en fonte de Nambu. » Des influences culturelles endémiques à l’île du Soleil. Mais des inspirations seules ne permettent pas à une marque de s’imprégner de l’âme japonaise. Estarte ne se contente pas de faire quelques jolis plis pour s’imaginer saisir l’essence d’un fabuleux héritage artisanal. La maison embrasse différents matériaux typiques comme le Ganbi-shi un type de papier japonais spécifique, essentiel au processus de fabrication du Kanazawa Entsuke, la traditionnelle feuille d’or de Kanazawa. Mayumi Hanno enchérît « l’utilisation du Ganbi-shi faite par Estarte repose sur le travail de nos artisans qui sélectionnent les meilleures feuilles en fonction de leurs intuitions. Avec minutie, ils réduisent un morceau de métal précieux, or, argent ou platine, en le martelant tout en prenant garde de ne pas altérer sa qualité. Le métal est si affiné qu’un simple souffle pourrait le briser. » Passionné, le créateur poursuit : « La feuille d’or est un matériau décoratif présent au Japon depuis de nombreuses générations. 98% de sa production vient de la ville de Kanazawa dans la préfecture d’Ishikawa. Aujourd’hui encore, les techniques traditionnelles vieilles d’un millénaire sont maintenues. L’Entsuke, le type de feuille d’or que Estarte utilise, est fabriqué par le martèlement d’une pépite d’or jusqu’à ce qu’elle soit ultra fine afin de l’appliquer sur une feuille simple de wa-shi. Une feuille d’or née de cette méthode rayonne d’un éclat riche et précieux. »

Fabrication des feuilles d'or © Estarte
Fabrication des feuilles d’or © Estarte

De cette passion pour l’Entsuke la maison Estarte tire un savoir neuf. Pour appliquer la feuille d’or sur du cuir, Mayumi Hanno nous explique qu’ils se sont inspirés « des techniques inventées à Nishijin – une zone de Kyoto – utilisées dans le plâtrage et dans les broderies Nishijin-Ori, vielles de plus mille-deux-cents ans. » Elle précise sa présentation du Nishijin en ajoutant que cette technique a également été utilisée lors de la restauration de la porte de Yomeimon au sanctuaire Nikko Toshogu.  Puis elle revient à Estarte en indiquant que la marque est « pionnière de cette combinaison artisanale entre le cuir et la feuille d’or. À Kyoto, de grands artisans tentent de développer un adhésif plus stable et plus résistant. Des efforts considérables ont été faits pour aboutir à plusieurs techniques, qui transcendent la tradition, la culture et l’art. »

Ce mariage entre innovation et tradition se retrouve également sur d’autres points, Mayumi Hanno ajoute à ce propos que « par exemple, nous avons utilisé la technologie d’impression 3D pour concevoir la poignée de Icon Bag. La technologie nous a permis d’imaginer une conception tridimensionnelle au design plus libre. »

estarte
© Estarte

Pour le moment, Estarte ne compte qu’un unique revendeur en France. Disponible chez No Season, un showroom de mode spécialisé dans les créations avant-gardistes, situé au cœur du Marais, au 8bis rue de Braque. Le concept store No Season propose également des pièces Yuhl Jung du coréen Moon Kim, ou encore des collections de la marque sino-française Shanshan Ruan.

Pour l’achat d’un sac Estarte il faudra compter au minimum 1.000€ pour le plus simple.

No Season

Alexandre Fisselier