Livre – Maisons de haute couture

En 1945, le décret Mendès-France/Lacoste fait de la « haute couture » une appellation exclusivement française, protégée et définie. Dès lors, porter cette dénomination devient un privilège rare. En 2015, seules vingt maisons de couture ont eu la chance d’appartenir à ce cercle privilégié, et de défiler lors des Semaines de la Mode à Paris.

Maisons de Haute Couture est porté par deux personnalités aux observations personnelles et professionnelles pertinentes. À l’écriture, c’est Désirée Sadek directrice de la rédaction du magazine ELLE pour le Moyen-Orient, depuis son lancement à Beyrouth en 2006. Journaliste à la fructueuse carrière, auteur plébiscitée et récompensée, elle incarne avec les designers Rabih Keyrouz, Elie Saab et le businessman Tony Salamé, le Fashion Lebanon. En 2014, elle intègre le classement des cinq cent personnalités les plus influentes du monde de la mode*. Derrière l’objectif, Guillaume de Laubier, photographe spécialisé dans l’art de vivre depuis une trentaine d’année, offre une vision intérieure et secrète de la mode. Il fige les coups de crayons, les mouvements de broderie et les claquements des machines à coudre. Il retient les valses de modèles, des petites mains en blouses blanches et la rythmique imposée par les premiers d’atelier.

Chaque grand couturier a sa « maison » de couture, un lieu intime où la création surgit, du papier au fil, par un trait de génie. Des adresses essentielles au processus créatif d’une Maison de Haute Couture. L’ouvrage s’invite dans ces espaces parisiens merveilleux, passant par le Triangle d’or, dans le huitième arrondissement, au 30 avenue Montaigne, là où Christian Dior dirigeait ses ateliers dès 1946, entraînant avec lui tout un dynamisme du commerce du luxe dans l’avenue. Puis, il croise le septième arrondissement, là où l’univers poétique et les nœuds de Alexis Mabille s’installèrent en 2012. Au grès des pages, le lecteur circule à Paris, parfois à cinq petites minutes du Ritz, où Gabrielle Chanel passait ses nuits, dans un magnifique bâtiment qui accueille depuis 1918 la célèbre Maison éponyme au 31 rue Cambon. Et, s’en va visiter les ateliers de l’excentrique Jean Paul Gaultier, dans le troisième arrondissement, au 325 rue Saint Martin, où ses créations peuvent s’imprégner du patrimoine, comme prédestiné à cet as du détournement, un bâtiment anciennement salle de sport, club libertin puis siège du parti socialiste. Dans le Beau Livre Maisons de Haute Couture, les adresses des créateurs Ralph & Russo, Stéphane Rolland, Elie Saab, Yves Saint Laurent, Franck Sorbier et Alexandre Vauthier sont également explorées.

Boutique Chanel, rue Cambon

La haute couture est un renouvèlement constant, un échange permanent entre la créativité et l’artisanat. Maisons de Haute Couture, sorti aux Éditions La Martinière, présente de manière brève mais habile l’histoire d’un nom, d’un lieu, d’une Maison.

En plus

Le label haute couture est la distinction suprême de la mode, il permet de défiler officiellement lors des Fashion Week de Paris, et accorde une reconnaissance mondiale, professionnelle et grand public, pour tout créateur l’obtenant. Le précieux titre est attribué pour un an, sur décision du Ministère de l’Industrie en accord avec la Chambre syndicale de la haute couture. Les conditions pour concourir sont strictes : La France n’est pas la seule nation à pouvoir prétendre au titre de haute couture, les adhésions sont ouvertes à tous, seulement, si le siège sociale de l’entreprise n’est pas à Paris, il sera alors impossible au créateur de devenir membre permanent. Pour étendre les chances d’adhésion deux autres statuts de membre existent, « membre correspondant » depuis 1997 et « membre invité » depuis 1998. Cette dernière catégorie n’octroie pas le label haute couture, mais seulement le « couture », un membre invité devra faire quatre saisons de défilés à Paris avant d’espérer prétendre au fameux macaron haute couture.

La maison doit pouvoir présenter chaque année plus de cinquante pièces uniques et faites à la main dans les ateliers de la maison, bénéficier d’une économie d’entreprise certaine, et de préférence avoir un parrainage d’une maison bien établie.

*  BoF 500 2015

Éditions de la Martinière

Alexandre Fisselier